Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Le bloc chapelle / logis / grande salle
calculs et choix de restitution

La chapelle (fig. 1 - 1637)
De gauche à droite au centre de l'image : donjon, chapelle, logis, grande salle, tour de l'Auloge. Équivalent de la fig. 1 (vue 25).
 

fig. 2 -1746 - la chapelle, déjà détruite, était en fait plus bas que le mot "chapelle"


fig. 17
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


vue des promenades (fig. 18).
Le bloc chapelle est sous le M,
les bâtiments sous le A sont
probablement imaginaires.

Implantation de la chapelle
Je suis parti du principe que le seul plan montrant ces bâtiments, à savoir la fig. 2 - 1746, était juste. La chapelle n'y est pas dessinée puisque détruite dès 1678. Les deux bâtiments représentés seraient le logis et la grande salle. J'ai calculé l'échelle de la fig. 2 à partir de 2 mesures extrêmes est-ouest et nord-sud du château 
(10,65 cm pour 150 m soit 1cm pour 14,08m et 6,95 cm pour 108,40 m soit 1cm pour 15,59 m. Échelle moyenne de la fig. 2 sur sur le tirage dont je dispose : 1cm pour 14,83 m).
A remarquer que les mesures prises sur la fig. 2 coïncident avec les décrochements observés d'une part en fouille (limite nord du logis), d'autre part sur la fig. 17 (angle sud-est du logis en saillie dans la lice (lice = espace entre les deux remparts). Reste à placer la chapelle en partant de l'hypothèse que le texte de 1643 donne les mensurations intérieures et celui de 1678, les mesures extérieures :
en largeur, pas de problème si on considère que 24 pieds est la largeur de la ruine au pied du rempart et 20 pieds la largeur intérieure. Cela nous donne un mur côté cour large de 4 pieds (1,20 m).
En longueur, j'ai compté que le le pignon nord de la chapelle était confondu avec le pignon sud du logis. En ajoutant 40 pieds (12m) de longueur intérieure et 1,40 m de mur pignon sud, on obtient un bâtiment qui dépasse un peu vers le sud un angle du rempart tracé sur la fig. 17. Cet angle ténu marque aussi la limite de la chapelle sur la vignette de 1637 (fig. 1).
Tout concorde, mais la sortie de la rampe vers la haute cour devait être étroite. Cela n'a rien d'aberrant quand on connaît la largeur des rues des villes médiévales.

En hauteur, en me basant sur la fig. 1, j'ai estimé la hauteur des gouttières  de la chapelle à 8,87m au dessus du sol de la haute cour. Cette perspective nous donne aussi une estimation de la pente des toits.


Vue à partir des arrières de la mairie (vue 50)


Vue à partir du pied de la tour 13 (vue 42). 
Seules les ouvertures citées ont été reconstituées,
il devait y en avoir d'autres.

L'escalier du logis
L'escalier est dit "hors oeuvres", cela précise qu'il était extérieur mais ne donne pas sa forme. Si l'on s'en tient à la synthèse de E. Impey ( 1998, p. 179), il est probable qu'il ait été d'abord en bois et droit lors de la construction du logis au XIII ème ou XIVème s. (?) puis reconstruit dans une tourelle polygonale en pierre lors d'un agrandissement (peut-être lors de la construction de la chapelle sous Pierre II).
Si je tente une reconstitution vers 1440, la construction d'une tourelle --si elle a bien eu lieu-- n'était peut-être pas faite. La vignette de 1637 (fig1) n'en présente pas, mais elle peut être cachée par la toiture principale. La fig. 2 n'en figure pas non plus.
Je choisis donc, sans preuve, un escalier droit en bois (ou en pierre) du type de celui que E. Impey a dessiné p. 176 (E. Impey, 1998). Je le place au contact de la grande salle pour pouvoir aussi la desservir et justifiant le décrochement sur sa façade. Je décore ce perron et ces portes nobles suivant ainsi la symbolique sur laquelle insiste J. Mesqui (Mesqui J. 1995, p. 90) : 
"Le perron etait introduction aux grands dégrès, escalier menant du niveau de la cour à celui de la salle. Les romans de la littérature médiévale en font une véritable voie initiatique, conduisant du perron au palier de la grande salle [...]. Certes, la majorité des escaliers donnant sur la grande salle haute fut de caractère simple ; mais on doit retenir que, quelle que soit la mise en forme, escalier perpendiculaire à la façade, escalier longeant celle-ci pour donner dans le pignon, toujours les grands degrés furent un élément majeur de l'emblématique féodale, ne serait-ce que du fait que l'escalier servait de décor à une mise en scène processionnelle dans laquelle le souverain-seigneur jouait le rôle premier."

L'escalier aurait aussi pu aboutir entre les deux chambres du 1 er, mais dans ce cas, la grande salle n'aurait pu être accessible directement que par la tour de l'Auloge, au fond d'un couloir sombre entre deux bâtiments, ce qui n'est pas très noble.
Enfin les deux chambres du premier n'étaient pas forcément distinctes dès la construction comme le précise E. Impey : "la mode était alors aux grandes salles".

A en croire l'impression que j'ai ressentie en fouille (mais ce n'est peut-être qu'une impression), il faudrait aussi tenir compte d'un sol possible bien plus bas (un étage) lors de la construction du logis. Cela aurait impliqué un escalier droit partant presque de l'angle proche de la chapelle et montant sur deux étages avec éventuellement un palier intermédiaire (cela donne envie de creuser pour vérifier !).

Il est aussi dit qu'il y avait une cheminée à chaque bout des cuisines sensées prolonger le logis et probablement confondues avec la grande salle ; j'en fais donc deux, une dans l'axe de chaque pignon.

Pour la fonction d'une grande salle, voir la page consacrée au contenu du donjon ou cliquer ici.

Dans les archives, il est plusieurs fois question d'une galerie reliant le premier étage de chacun des bâtiments. Je la suppose confondue avec le sommet de la courtine associé aux hourds (côté étang), mais c'est sans certitude, elle pouvait tout aussi bien longer la cour comme celle que j'ai cru bon restituer sur la garde robe.


plan (vue 65), à comparer à la fig. 2,
en jaune : la mairie et la rue centrale 
de la place Foch.
 
 

Quittance de 1427

pour avoir fait de leur mestier de charppenterie ou chastel dud. lieu d’Alençon troys huys (portes) de boys es chambres ou ont eté logiez mons. le regent et auxi madame la regente et pareillement pour avoir fait en la gallerie de la chapelle d’icelluy chastel ung hostel de boys pour chanter la messe de mond. seigneur  [le régent-duc de Bedford] et de madame(BNF, fr.26 050, n° 821, 1427, 10 oct.—1428, 4 avr. : Fragment d’un compte des recettes et dépenses de la vicomté d’Alençon ; quitt. du 24 oct. 1427 citée par I. Chave). 

Certificat de 1431

Item ont semblablement fait de leur mestier de charpentier ung pan de hourdeys contenant une perche ou environ, estant ou derriere de la chambre de monsigneur. Item ont fait et rappareillyé les hourdeys d’iceluy chastel depuis la tour de l’orloge jusques a iceluy pan de hourdeys derrainement fait (BNF, fr.26 054, n° 1526, 1431, n.s. 27 mars). 


Mentions d'une guérite et d'un escalier en bois montant à la courtine 
(à droite de la chapelle sur la vue 42) :

Ung hourdeys en fourme de guerite estant entre le bout de la chapelle dud. chastel et une tourelle estant oud. Chastel en venant a la basse court d’icelluy  chastel […] avecquez ung degrey de boys pour descendre dud. Hourdeys ou belle [basse-cour]d’icelluy chastel (BNF, fr.26 087, n° 7581 (1431, avr.-3 mai).
Pour avoir rappareillé le hourdeys du bout de la chapelle dud. Chastel et refait le degré par lequel on monte sur icelui hourdeys (BNF, fr.26 064, n° 3593 (1438, 10 oct).






vue à partir des Promenades 
(vue 30 équivalent de la fig. 18)

 

Le bloc chapelle / logis vu de la rue de Bretagne (vue 17)
lire l'historique de ces bâtiments
 

voir l'animation vidéo autour de la chapelle et du logis
 
 
 

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